Nous partageons aujourd’hui le livre de Marie-Hélène Lahaye… En expliquant notre position.

Nous partageons aujourd’hui le livre de Marie-Hélène Lahaye… En expliquant notre position.

Nous partageons aujourd’hui le livre de Marie-Hélène Lahaye… En expliquant notre position. 1816 2818 IRASF - Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes

Nous partageons aujourd’hui le livre de Marie-Hélène Lahaye .
C’est, sans aucun doute, un livre pour informer les femmes sur la physiologie de l’accouchement ou l’accouchement dit « naturel ». Ce qui est un des modes possibles pour donner naissance à son enfant. A l’IRASF nous classons cela dans ce que l’on peut nommer « la diversité de l’offre de soin ».

Au sein De l’IRASF/SIVO nous luttons contre les violences obstétricales et gynécologiques, cela peut se résumer à lutter contre :

  • Les violences physiques et/ou verbales.
  • Un geste médical non consenti et/ou pratiqué sans prise en charge de la douleur qui sera requalifié en violence obstétricale ou gynécologique.
  • Les pratiques déconseillées et/ou proscrites telles que l’expression abdominale
  • Le non-respect des demandes et besoins des femmes en dehors de toutes considérations personnelles et/ou professionnelles sur la « bonne méthode » pour mettre au monde.

Enfin, il s’agit de remettre les femmes au centre du processus décisionnel concernant la grossesse et l’accouchement. En redonnant au regard du cadre légal les tous pouvoir à la femme sur ce qu’elle décide de mettre en œuvre. Et non pas de transférer le pouvoir des mains des gynécologues-obstétriciens aux mains des sages-femmes qui, tous deux détiennent des savoirs et des compétences qui donnent lieu depuis des décennies à une lutte des pouvoirs dont le corps des femmes est le champs de bataille.

C’est pour ces raisons qu’au sein de l’IRASF, nous nous dégageons de toutes lutte de pouvoir entre ces corps de métiers. Nous savons à la lecture des témoignages que les sages-femmes sont tout autant autrices de violences obstétricales et de médicalisation imposée. Nous savons aussi qu’elles sont aussi à l’origine de césariennes, d’extraction instrumentale, d’épisiotomie …Les femmes rapportent avoir étaient envoyé en césarienne par des sages-femmes qui dans certains cas voulaient en finir avec la parturiente.

Les « idéologies » dominantes d’accouchement médicalisé ou physiologique qui actuellement sont au-devant de la scène, ne sont pas à confondre avec la lutte contre les violences obstétricales et gynécologiques. Nous luttons pour que les femmes puissent choisir librement et de façon éclairé leur accouchement en dehors de toute idéologie dominante, ou toute pression sociale du comment « bien » accoucher. L’idée simpliste véhiculée qui consiste à présenter l’accouchement à domicile ou l’accouchement dit physiologique comme une solution de choix face aux violences obstétricales nous parait être radical tant du point de vue de sa mise en œuvre sur le territoire que de sa garantie réelle à être dénuée de violence obstétricale.

Il s’agit ici de nuancer l’approche que l’on peut avoir du livre de Marie-Hélène Lahaye. Car si 85% des femmes peuvent potentiellement donner naissance par elles-mêmes, ce choix reste personnel et intime à chaque femme. Nous tenons à ne pas réinventer une stigmatisation culpabilisante d’une partie de ces 85% de femmes qui opteront pour une médicalisation par simple choix et/ou par besoin médicalement avéré. Et nous estimons que la médecine ne doit pas intervenir que pour sauver des vies mais pour apporter un « mieux être », « un mieux vivre ».

Nous tenons à rendre possible au sein du système existant la mise en place de soins de haute qualité pour l’ensemble des catégories socio-professionnelles qui composent les femmes en incluant aussi les femmes en situation de handicap, de fait nous soutenons tout développement et militantisme autour des questions de la diversité de l’offre de soin.

Enfin, peut être pouvons-nous questionner le « stress » engendré chez une femme qui est en train de donner naissance. Le refus de médicalisation et « l’obligation » de donner naissance naturellement peuvent tout autant devenir une source de stress intense et négatif, pour les femmes qui envisageraient de pouvoir changer d’avis en cours de travail et obtenir librement et sans jugement, une péridurale. Les études sur le syndrome de stress post traumatique nous montrent, que certaines femmes ont développé un SSPT suite aux douleurs provoquées par les contractions.

Alors nous pensons essentiel de ne pas retomber dans un paradigme nouveau de l’accouchement tout « naturel » qui n’inclura pas l’ensemble des femmes et qui produira de nouveau des écueils au même titre que la médicalisation.

Les protocoles hospitaliers font partie des éléments qui participent à la production des violences obstétricales. Pour autant, nous avons constaté depuis 3 années que la violence obstétricale est le résultat en grande majorité de la relation patiente/soignant.e. Dans « relation » nous entendons élaboration commune des soins à mettre en place. Le constat est qu’en grande majorité les soignant.e.s agissent sur un « corps », ce corps devient alors le champs d’exercice d’un savoir lié forcément à une forme de pouvoir plus ou moins « bienveillant » associé ou pas à des dérives personnelles, professionnelles et/ou psychologiques voire psychiatriques. Le tout faisant partie d’un système dans lequel la femme psychique et physique qui accouche est passée au second plan depuis longtemps. La parturiente doit être de nouveau au premier plan, devant les protocoles, les pressions médico-légales, les traditions et les croyances.

Enfin la « standardisation » des accouchements que sont les touchers vaginaux, les perfusions d’ocytocine, le monitoring ne se terminent pas toujours avec des césariennes et de la violence obstétricale. Et les accouchements naturels ne se terminent pas toujours à la maison ou en plateau technique. Bon nombre de témoignages encore nous démontrent le contraire. Des transferts existent en accouchement à domicile et en plateau technique pour des raisons multiples et variées.

L’IRASF et les femmes qui composent le collectif SIVO ont trouvé essentiel d’introduire ce livre qui informera les femmes, mais nous tenions à expliquer notre position pour ne pas exclure un grand nombre d’entre nous.