TÉMOIGNAGE ANONYME #ViolencesObstétricales
Date des faits : 08 octobre 2018 – CHU Castres Mazamet – Profession : Auto entrepreneure
Bonjour,
un témoignage tout frais donc encore très douloureux pour moi…
J’ai accouché il y a 11 mois avec, à la base, un projet d’accouchement en maison de naissance.
En France, elles sont obligatoirement reliées à une maternité classique.
Après une nuit de contractions dans le dos, sans péridurale, dans la maison de naissance et le sentiment qu’il y avait un blocage au niveau de la descente de mon bébé j’ai demandé à être transférée aux urgences de la maternité qui se trouvait donc sur le même parking que la maison de naissance… Et là tout a basculé.
Une fois la sage femme à l’écoute, tout en bienveillance, de la maison de naissance partie, j’ai vécu, à partir de ce moment là, un véritable enfer !!!
L’anesthésiste a mis direct le papa dehors, de façon brusque et je suis restée seule… entourée de fous. J’arrivais très bien à gérer ma douleur par le cri et en me déplaçant calmement toute seule mais ils n’ont pas voulu me laisser faire, ils m’ont pliée en deux et là je n’ai plus réussi à gérer quoi que ce soit !
L’anesthésiste a dit : « on va vous mettre une bonne dose de péri parce-que vous avez trop mal là ! ». Le cœur de mon bébé a ralenti et la sage femme lui a dit qu’il fallait peut-être faire une écho, non ? Ils ont fait l’écho, mon bébé s’étouffait avec son bras et sa main était coincé dans la descente, dans le col. Ils m’ont emmené au bloc en speed pour une césarienne d’urgence. L’anesthésiste m’a mis des tuyaux dans le nez pour respirer et m’a plaqué le champ (tissu/papier pour cacher l’opération) sur le visage. Le champ se collait contre mes narines à chaque inspiration. Je lui demande gentiment de décaler le champ d’un centimètres pour que je puisse respirer. Il ne réagit pas. Je me suis mise à suffoquer, à pleurer, à trembler comme une feuille, à ne pas me sentir bien entourée, pas du tout en confiance ! L’anesthésiste me dit alors « arrêtez vos bêtises ! Tout est normal sur la machine ! Vous respirer là ! Laissez-nous travailler !« . J’ai voulu mettre ma main devant mon visage pour ne pas être collée au champ (avec la sueur et les larmes) et là il a ordonné de m’attacher.
J’ai eu l’impression de vivre une agression par plusieurs personnes en même temps.
D’être seule contre tous. Abandonnée entre les mains de personnes pas nettes ! Je ne pensais plus à mon accouchement mais à ma peau, à ma vie… Personnes ne m’expliquait quoi que se soit. J’ai cru que j’étais en train de mourir.
Quand mon bébé est sorti je n’étais plus là, tout tournait autour de moi, je ne comprenais plus rien. Il ne me l’on pas montré et m’ont dit « ohlala il faut l’aspirer il a du liquide. » C’est tout. J’ai cru qu’on allait mourir mon bébé et moi. Ce moment a été le pire de toute ma vie !
Le papa est arrivé ensuite avec mon bébé. Je ne sais même plus à quel moment ils m’ont détaché mais je ne sentais plus mes mains tellement j’ai forcé sur les sangles (j’ai gardé des bleues pendant plusieurs semaines et je ne supporte plus le toucher à cet endroit là) . Je n’ai plus eu la force de tenir mon bébé à ce moment là. Le premier jour de sa vie. C’est terrible. L’instant sacré de notre rencontre. Le papa n’a pas compris ce qui venait de se passer. Il était tellement ému de tenir son fils dans ses bras qu’il n’a pas vu que j’étais à moitié inconsciente, sous le choc. Il m’ont emmené en salle de réveil alors que je n’avais pas eu d’anesthésie générale, dans un coin, pendant 6h… Sans voir mon bébé.
Ils ont fait la vérification utérine une fois l’anesthésie passée. Ils m’ont maintenu de force tellement la douleur était intense. Je suis retournée ensuite dans la chambre… tellement mal, triste, sous le choc de tout ce qui venait de se passer… J’ai eu des symptômes de choc post traumatique durant tout mon séjour et j’en traîne encore aujourd’hui.
Cela me coûte une fortune en suivi psy, le papa a eu un choc psychologique suite au récit de ce que j’avais vécu et il peine à me soutenir tellement l’on devient une autre personne après avoir vécu un tel enfer. Il vient de commencer, lui aussi, une psychothérapie. Donc nous devons payer 2 psychothérapies, des séances d’osteo à n’en plus finir pour moi car mon corps n’arrive pas à encaisser tout ça. Nous commençons à avoir des difficultés financières et il n’y a aucune aide pour les familles ayant traversé un trauma.
Nous faisons ce que nous pouvons et avons déjà eu la chance d’avoir des économies pour payer tout ça jusqu’à maintenant. Mon bébé ne dort pas la nuit, cela fait presque un an que je ne dors presque pas. Je mets toute mon énergie pour me sortir de cette histoire et toute mon énergie dans l’amour que je porte à mon bébé ! Il ne me reste plus beaucoup d’énergie pour moi. C’est comme s’ils m’avaient vraiment volé mon énergie vitale. Je ne me sens plus moi même. C’est très dur. J’ai mon dossier médical en main et il n’y a rien de noté sur ce qu’il c’est passé.
Ils ont osé mettre que je n’avais pas pris mon bébé dans les bras parce-que je n’avais pas de lien d’attachement à mon enfant, qu’elle bande d’ordure.
J’ai vraiment du mal à leur trouver des excuses de manque de budget ou autre tellement c’est énorme ! J’ai passé tout mon séjour, mon bébé collé contre mon cœur, au sein, malgré les douleurs de la césarienne, en lui expliquant la situation et à lui dire combien je l’aimais, il est tellement parfait, je l’aime tellement ! Je ne suis pas quelqu’un de violent mais j’ai développé une haine envers cet hôpital tellement grande. J’attends d’avoir assez de force pour me tourner vers des associations afin de pouvoir les poursuivre en justice.
Voilà.
J’ai écrit tout ça en pleurant donc il y a sûrement des fautes d’orthographe et je n’ai pas la force de me relire. C’est trop douloureux.
Merci un milliard de fois pour votre espace dédié aux témoignages de VOG.
C’est tellement important que des espaces dédiés à cet énorme problème existe !
